Entretien avec IkanoVision : « le jour où j’ai rencontré Superman »
👉 Article rédigé par Aline CHABOT, Chargée de projets au pôle S2E2.
Après avoir affronté les opérations escargot des agriculteurs en colère sur la Rocade bordelaise, je me retrouve à l’Institut d’Optique, dans les bureaux de la société IkanoVision, spécialisée dans la conception de systèmes de vision par ordinateur. C’est Milan KABÁČ, le CTO de la société, qui m’accueille chaleureusement.
Aline Chabot – Pour mieux vous connaître, il faut d’abord que l’on sache… IkanoVision, c’est qui ?
Milan KABÁČ : Nous sommes trois associés et cofondateurs d’IkanoVision. Martial Papillon, notre CEO, est ingénieur R&D spécialisé en traitement d’image, simulation numérique et systèmes embarqués. Christophe Le Gal, notre directeur scientifique, est chercheur en intelligence artificielle, mais aussi expert en mathématiques appliquées, avec une grande expérience en simulation numérique pour l’industrie énergétique, la logistique, et la pharmacocinétique. Et moi, Milan Kabáč, je suis le CTO d’IkanoVision. Mon expérience professionnelle se situe notamment dans le domaine de l’internet des objets, smart cities et génie logiciel.
« Ce qui fait notre force chez IkanoVision, c’est la diversité de nos compétences. »
Aline Chabot – Entrons dans le vif du sujet. Si IkanoVision était un super héros, lequel serait-il, et pourquoi ?
Milan KABÁČ : Superman ! Pour sa vision laser. Il voit dans l’obscurité ou à travers les murs, les objets. En plus, on est un peu tous les trois Clark Kent, avec les lunettes et la dégaine [rires]. En grec, Ikanos (ἱκανός) est la qualité de celui qui est compétent, capable – comme Superman. Ce qui fait notre force chez IkanoVision, c’est la diversité de nos compétences.
Aline Chabot – Tu parles de vision laser, de diversité de compétences… que propose IkanoVision exactement ?
Milan KABÁČ : Nous concevons des systèmes de vision par ordinateur pour trois catégories d’activités :
• Premièrement l’inspection visuelle, le contrôle qualité et le contrôle non-destructif : inspection de pièces, soudures, câblage… pour l’industrie électronique notamment c’est très utile. Notre expertise se situe par exemple dans la conception des solutions pour inspecter les soudures sur les lignes de production (par ex. batteries pour véhicules électriques). Nous n’avons pas vocation à remplacer les contrôleurs de qualité mais nous accélérons le processus et nous augmentons le niveau de précision du contrôle. Nos solutions font ressortir des défauts qui sont invisibles à l’œil humain. Il s’agit d’identifier des anomalies, par exemple quand une pièce est imprimée (impression 3D), comme un wafer dans l’industrie électronique, il y a des anomalies dans la forme, la texture, qui doivent être évitées. Pour ce qui est du contrôle non destructif, nous manipulons les rayons X, les ultrasons, et l’imagerie/caméra vision. Avec l’image on peut faire mieux et plus vite que le contrôle destructif. Cela est utile notamment dans le secteur médical, la fonderie, mais aussi la filière énergie.
• Deuxièmement, la caractérisation des matériaux. Par exemple, nous concevons des solutions pour analyser la porosité d’un matériau, tel que le graphite dans le cas des batteries, ou encore la tortuosité des chemins. Grâce à la microscopie électronique 2D/3D nous pouvons détecter par exemple la présence d’amiante dans les déchets de construction, ce qui permet d’éviter aux humains les risques liés à l’exposition à l’amiante.
• Troisièmement, l’imagerie thermique. Prenons l’exemple d’une fuite de gaz : nos solutions permettent de localiser la fuite, d’identifier sa propagation, son étendue en PPM (parties par million) c’est-à-dire le volume perdu, et une estimation de la quantité de polluants rejetés dans l’air.
« En ce moment on a une forte demande sur l’inspection visuelle des lignes de production de la batterie électrique, le secteur est en plein développement. »
Aline Chabot – Peux-tu en dire plus sur les secteurs d’application visés pour ces activités ?
Milan KABÁČ : En premier lieu la filière énergie, tout particulièrement le stockage de l’énergie. En ce moment on a une forte demande sur l’inspection visuelle des lignes de production de la batterie électrique, le secteur est en plein développement. Ensuite l’industrie manufacturière, pour tout ce qui est contrôle qualité. Le secteur aérospatial présente aussi un fort potentiel, pour des services d’inspection visuelle et contrôle qualité (fabrication et contrôle de pièces). Il y a un intérêt pour la micro et nano électronique pour tout ce qui est caractérisation des matériaux (l’analyse de structure, texture, particules etc.). Nous travaillons avec le secteur de la Défense aussi, nous leur offrons une expertise en détection de drones, tracking de véhicules ou objets en temps réel. Nous sommes aussi sur le marché de la mobilité, nous avons développé une solution permettant d’identifier la position d’un véhicule en temps réel dans le contexte d’un projet de véhicule autonome.
Aline CHABOT – C’est vaste… Pourrais-tu citer quelques projets emblématiques sur lesquels IkanoVision a travaillé?
Milan KABÁČ : Actuellement, IkanoVision développe une solution pour aider SUEZ à cartographier les réseaux d’eaux usées en utilisant des modèles intelligents de vision par ordinateur. Nous travaillons sur un projet innovant en collaboration avec la société WaltR ! [il me présente fièrement une création qui ressemble comme deux gouttes d’eau au petit robot Wall-E, et qui trône au milieu du bureau]. WaltR est une entreprise qui fournit des données très pointues sur la qualité de l’air pour les collectivités et les entreprises qui ont besoin de monitorer leur environnement. IkanoVision met à disposition ses compétences en traitement d’images et d’intégration de solutions Vision et IoT. Nous nous occupons de la partie acquisition des images, diffusion en mode streaming, monitoring (partie logicielle et système), et aussi sur une brique IoT pour les acquisitions de mesures de capteurs. Très prochainement nous allons commencer un projet pour les industries culturelles et créatives, dans le cadre d’un grand festival. Il s’agit de proposer un système permettant de détecter et interpréter l’activité pendant le festival pour améliorer les aspects sécurité et la qualité des services (l’ambiance sur chaque scène, temps d’attente moyen dans les files, accès aux espaces restreints…).
Aline CHABOT – Et pour l’avenir d’IkanoVision, quelles sont les perspectives ?
Milan KABÁČ : Nous prévoyons prochainement de recruter quelques personnes pour étoffer notre équipe (ingénieurs, commercial), développer l’activité d’IkanoVision et répondre à la demande croissante de nos clients. En ce qui concerne l’activité d’IkanoVision, aujourd’hui nous proposons une expertise plus qu’un produit, c’est vraiment du sur-mesure. Mais nous réfléchissons à développer un produit sur étagère que l’on puisse industrialiser, sur la base des projets que nous avons développés, pour un ou plusieurs des marchés avec lesquels nous travaillons. Vous en saurez plus d’ici deux ans !
Aline CHABOT – Comment le pôle S2E2 peut vous accompagner aujourd’hui dans votre développement ?
Milan KABÁČ : Au stade de développement où nous sommes, ce qui nous intéresse dans un premier temps ce sont surtout des mises en relation avec des industriels du secteur de la batterie, de l’électricité, des réseaux de distribution électrique et gazier, de l’électronique, entre autres.
Aline CHABOT : Je suis certaine qu’ils trouveront un grand intérêt à discuter avec vous de futurs projets à développer ensemble. Merci Milan pour cet échange !
📩 Si vous voulez plus d’informations ou souhaitez être mis en relation avec IkanoVision, n’hésitez pas à contacter Aline Chabot : aline.chabot@s2e2.fr